Objets de collections, œuvres d'art, meubles... peuvent constituer un placement. Encore l'amateur doit-il s'entourer de précautions. Les faux (œuvres réalisées de manière à tromper les acquéreurs sur l'identité de l'auteur) et les contrefaçons (reproductions d'une œuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur) se sont multipliés depuis vingt ans. Peu de domaines demeurent épargnés.
Eric Tariant
L'année 2000 a été marquée par une importante affaire de contrefaçon de bronzes portant sur 6 000 pièces d'une valeur totale de 19,82 millions d'euros. Les plus grands noms de la sculpture moderne étaient concernés, dont Rodin, Camille Claudel, Maillol et Bourdelle. Le faussaire, Guy Hain, condamné le 28 juin 2001 par la cour d'appel de Besançon à quatre ans d'emprisonnement et près de 305 000 euros d'amende, réalisait les contrefaçons dans sa fonderie de Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) avant de les revendre dans son magasin du Louvre des antiquaires, à Paris, ou en vente publique. Après Rodin, Claudel, Giacometti et Harp, sculpteurs les plus contrefaits, les faussaires s'attaquent désormais à Brancusi, Zadkine et Archipenko.
FAUX MAN RAY
En peinture, les faux sont plus fréquents chez les modernes, plus faciles à reproduire. Les faussaires s'attaquent en priorité aux périodes les moins documentées de la vie d'un peintre, comme les années 1886 à 1888 pour Van Gogh. Dali est sans doute l'artiste le plus contrefait, comme en témoigne la pléthore de fausses lithographies, estampes et gravures présentes sur le marché. La plupart d'entre elles datent des années 1960, époque à laquelle Dali a commencé à signer des feuilles vierges (il en existerait plusieurs dizaines de milliers). Certaines sont des impressions originales avec signature contrefaite, d'autres des faux avec signature authentique.
Autre art du multiple, la photographie, qui enregistre des prix de plus en plus élevés depuis quelques années, a été gagnée par le phénomène, comme le démontrent les affaires de faux Man Ray et de faux Lewis Hine notamment.
Pour se protéger dans un tel contexte, la première démarche à accomplir au moment de l'achat est d'exiger du vendeur un certificat d'authenticité. Il faut aussi s'assurer que l'oeuvre convoitée figure dans le catalogue raisonné de l'artiste (le répertoire systématique des oeuvres). S'il s'avère par la suite que l'oeuvre acquise est un faux, reste, en cas d'échec d'un recours amiable auprès du vendeur, à demander devant un tribunal civil l'annulation de la vente. « Il arrive de plus en plus fréquemment que des banques ou des compagnies d'assurances achètent une oeuvre d'art sous condition suspensive de la réalisation d'une expertise scientifique : test de solvabilité, ultraviolets, infrarouge ou radiographies, pour les tableaux ; test de thermoluminescence pour les terres cuites ; analyse des patines et des alliages pour les bronzes » , souligne Gilles Perrault, expert agréé par la Cour de cassation.