C’est une découverte pour l’histoire de l’art qu’il ne faut pas laisser passer", nous confiait en octobre 2011 Gilles Perrault, expert en objets d’arts à Paris. Promettant de remuer ciel et terre pour authentifier une statue datant selon lui de 1886
Exhumée par un antiquaire de Nantes
Laquelle ? Il y a 25 ans, un antiquaire nantais a exhumé une statuette de 22,5 cm, non signée, représentant une femme meurtrie, à la faveur d'un marché aux puces. Très vite, après avoir nettoyé l'œuvre, il a acquis la conviction qu'elle était le fruit du travail d’Auguste Rodin. "Toi, tu es jeune. Tu gagneras le combat. Tu parviendras à authentifier la statuette de Rodin", lancera-t-il à Gilles Perrault, spécialiste de Rodin.
Lequel, en ce jour de 2011 et après 25 ans de méticuleuses recherches sur la statuette, assurait détenir des preuves permettant d'authentifier l'œuvre. Il s'agissait selon lui d'"une sculpture expiatoire d'un avortement" de Camille Claudel, qui fut l'élève et la maîtresse de Rodin.
Or à cette époque, le musée Rodin, gardien du temple de l'oeuvre du sculpteur, s'était déclaré "très sceptique" sur ce travail, refusant de participer à la présentation.
Un an et demi plus tard, le musée lance un appel à témoin
En ce printemps 2013, le musée Rodin a décidé de s'associer à Gilles Perrault afin de lancer un appel à témoin pour permettre d'authentifier la statuette en argent. Le musée et l'expert devaient participer ce mercredi soir à une conférence sur le sujet au Grand Palais à Paris, en marge de l'inauguration du salon Art Paris.
La nouvelle direction souscrit à la démonstration de l'expert mais "souhaite retrouver les différents propriétaires de la statuette afin de remonter à la source", a précisé à l'AFP l'un de ses porte-parole.
"Tous les indices nous ramènent à Rodin, les similitudes constatées (entre la statuette et l'oeuvre de Rodin) et les comparaisons stylistiques dont des dessins de Rodin et des rapprochements avec d'autres sculptures", explique à nouveau M. Perrault.
S'y ajoutent selon lui une série de lettres en 1886 et 1887, à l'issue d'un exil de quatre mois de Camille Claudel en Angleterre où elle aurait avorté: "Cette statue est en quelque sorte un ex-voto d'une Camille meurtrie, qui cache son sexe. On sait qu'elle a avorté quatre fois en tout, ce qui à l'époque était un crime".
Quid de l'antiquaire nantais ?
L’antiquaire nantais, lui, est "à la retraite depuis longtemps" selon Gilles Perrault et désire "rester dans l’ombre. Mais il souhaite ardemment que la statuette soit authentifiée."
Le propriétaire actuel de l’oeuvre, un collectionneur parisien, aussi. On s’en doute.